Au-delà du genre et des frontières coloniales : Pluralité, territoire

25 juin 2021

Horaire

  • 9:30

    Mot de bienvenue

  • 9h35

    Femmes autochtones autrices-compositrices-interprètes de musique populaire au Québec : triple affirmation identitaire et défis en tant que femme, autochtone et artiste

    Les femmes autochtones autrices-compositrices-interprètes de musique populaire au Québec, issues de diverses Premières Nations et Inuit, font face à bien des défis lorsqu'elles entendent pratiquer leur art. Pour réussir, elles assument, partagent et affirment fièrement leur triple identité minoritaire en tant que femme, autochtone et artiste, dans un monde et une scène dominés par les hommes, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de leur communauté. Bien qu'elles ne se revendiquent pas comme des militantes féministes, elles ont toutes une attitude féministe, car elles affirment avec force leur identité et leurs expériences féminines, ainsi que le droit de faire ce qu'elles veulent, au-delà des normes qui pourraient limiter leur expression artistique. Tout d'abord, elles s'affirment comme des personnes uniques dotées d'un pouvoir d'action, qui ne sont pas limitées par un modèle stéréotypé. Dans leur communauté autochtone, elles rencontrent souvent des obstacles en tant qu'artistes féminines se produisant publiquement en tant qu'autrices-compositrices-interprètes populaires. C'est une scène dominée par les hommes et les femmes ne sont pas toujours bien acceptées lorsqu'elles prennent la vedette. Cependant, celles qui parviennent à surmonter ces obstacles sont de véritables guerrières, dotées d'un grand sens de la détermination, et qui ont vraiment le sentiment d'être dans le monde pour faire cela. Souvent, elles quittent leur communauté pour la ville afin d'avoir plus de liberté et d'obtenir une meilleure aide pour leur musique. Toutefois, elles restent toutes fortement liées à leur héritage autochtone et leur territoire d’origine et l'expriment dans leur langue maternelle, dans leurs paroles et les thèmes musicaux, ainsi que dans leur engagement social. J’exemplifierai ma présentation à partir de chansons et d’entretiens réalisés principalement avec Elisapie Isaac (Inuit), Kathia Rock (Innue), Laura Niquay (Atikamekw), Andrée Levesque-Sioui (Wendat) et Melisa Pash (Cri-Eeyou).

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    Véronique Audet

    Anthropologue travaillant avec les Autochtones au Québec, Véronique Audet (Ph.D.) collabore à de nombreux projets de recherche, de valorisation et de diffusion concernant les arts, les modes d’être au monde et les enjeux contemporains des Premières Nations et des Inuit. Elle est auteure du livre Innu nikamu – L’Innu chante : pouvoir des chants, identité et guérison chez les Innus (PUL 2012) et de la thèse de doctorat « La scène musicale populaire autochtone au Québec : dynamiques relationnelles et identitaires » (UdeM 2015), ainsi que de nombreux articles et chapitres de livre. Elle a réalisé une recherche postdoctorale (Université Memorial de Terre-Neuve et UQAC, 2015-2017) sur le mouvement panautochtone des pow wow chez les Innus. Véronique Audet s’engage au sein des milieux autochtones depuis 1997. De 2004 à 2020, elle a fait partie du collectif de producteurs/trices de l'émission de radio Voix autochtones à CKIA FM, Québec.

  • 10h05

    Incarner les récits féministes de la Boîte aux lettres

    Le 28 février 2020, le trio musical acadien Les Hay Babies, composé de Vivianne Roy, Katrine Noël et Julie Aubé, lançait l’album concept Boîtes aux lettres. Le projet naît de la découverte surprenante de soixante-cinq lettres personnelles, datées de 1965 et signées par une certaine Jackie, une femme âgée de vingt-quatre ans, originaire de Moncton et ayant récemment déménagé à Montréal pour y faire indépendamment sa vie. Se glissant dans la peau et les mots d’une inconnue dont elles n'ont pour seules traces ses quelques archives personnelles, racontant tour à tour son récit depuis sa perspective, celle de sa sœur et de sa mère, les autrices-compositrices-interprètes y découvrent l’histoire d’une figure acadienne féministe qu’elles viendront collectivement à (ré)incarner musicalement. En s’intéressant aux stratégies de création déployées par les musiciennes dans l’album et dans la presse musicale, cette présentation cherchera à penser la qualité affective (Gopinath 2018) et performative (Schneider 2011) de l’archive personnelle. Il s’agira enfin de penser aux façons dont l’archive personnelle peut, à travers la pratique musicale, servir d’outil efficace pour la mise en scène de récits féministes souvent négligés dans l’histoire et la mémoire collective et réciproquement, aux façons dont cette pratique permet aux musiciennes d’incarner un féminisme intersubjectif qui leur est propre.

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    Eugénie Tessier

    Eugénie Tessier est doctorante en sociologie à l’Université d’Ottawa sous la codirection de Mireille McLaughlin (École d’études sociologiques et anthropologiques, Université d’Ottawa) et de Marie-Hélène Benoit-Otis (Faculté de musique, Université de Montréal). Elle est lauréate de la Bourse d'études supérieures du Canada Joseph-Armand Bombardier du Conseil de recherche en sciences humaines du Canada (CRSH) et détient une M.A. en musique avec spécialisation en études féministes et de genre (Université d’Ottawa). Dans le cadre de ses études doctorales, Eugénie se penche sur les formes que prennent les pratiques de conservation et d’archivation de la pratique musicale et dans la pratique musicale, et ce, en particulier au sein des communautés francophones en situation minoritaire au Canada. Plus précisément, elle s’intéresse aux façons dont les multiples déclinaisons et interactions des pratiques artistiques et mnémoniques agissent sur les définitions de la figure artiste et de la pratique musicale à travers leurs rapports esthétiques.

  • 10h35

    Diversité et pluralité dans la représentation musicale : entre champs d'action et postulat ontologique

    Dans le contexte du XXIe siècle marqué par les pensées portant sur l'inclusion, le postcolonialisme, l'identité de genre et encore bien d'autres positionnements théoriques, les notions de diversité et de pluralité sont abondamment convoquées dans le discours public mais aussi dans le discours scientifique. Dans le cas de la musicologie, elles ressortent comme incontournables depuis la fin du XXe siècle lorsqu'il est question des phénomènes sonores dans une perspective englobante et surtout non-discriminante. Il importe toutefois de bien mesurer la portée distincte de ces deux notions quant à la saisie et surtout l'approfondissement des manifestations musicales au regard de la musicologie. Cette conférence propose un éclairage sur ces deux notions à partir de ma position personnelle, donc en adoptant un point de vue situationnel découlant de ma carrière de chercheur avec en arrière-plan l'étude des musiques actuelles, entre autres mon essai intitulé Le classique fait pop! Pluralité musicale et décloisonnement des genres​ (XYZ Éditeur, 2021) : où, quand et comment étudier les musiques actuelles (catégorie fourre-tout mais non moins utile!) et dans quelle mesure faut-il prendre en considération les notions de diversité et de pluralité? Sans avoir la prétention de couvrir la multitude de propositions et de considérations culturelles, théoriques et épistémologiques que ces deux notions ont généré, j'entends néanmoins prendre position en me plaçant dans une perspective propre à la représentation musicale qui affecte tout.e chercheur.se en musique : étant donné qu'il ou elle ne peut prétendre à un regard holistique comme les théories de la déconstruction nous invite à le considérer, sa position reste toujours marquée par une représentation avec laquelle il ou elle doit négocier. Dès lors, cette négociation se place dans une situation où la pluralité musicale demeure un fait qui devrait guider son travail, puisque cette dernière se pose comme un postulat ontologique dès lors que l'on tient compte de la réalité humaine et sa capacité d'action, pour reprendre la thèse qu'Hannah Ardent a défendue par rapport à l'espace politique dans lequel chacun.e est invité.e à graviter. Le ou la musicologue devrait prendre en considération cette pluralité s'il ou elle veut parvenir à bien décrire les phénomènes à la base de son travail, donc dans toute leur nuance et leur complexité plutôt que dans leur réduction et leur simplification. Quant à la diversité, elle relève plus dans ce contexte de l'ordre de l'agir, découlant ainsi du champ des possibles appartenant aux acteur.rice.s du monde social. De telle sorte que si la diversité s'inscrit dans une réalité qui concerne l'action et l'expérience quotidiennes en évitant toute forme d'unicité, la pluralité se situe davantage dans une quête heuristique qu'il s'agit de faire ressortir dans l'étude des musiques, ce que démontre le travail de tout.e chercheur.se ayant à coeur de surmonter les cloisonnements musicaux auxquels il ou elle est confronté.e. J'en donnerai quelques exemples à partir de mon expérience personnelle, raison pour laquelle la pluralité est devenue une posture épistémique placée au coeur même de mon travail. 

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    Danick Trottier

    Danick Trottier est professeur de musicologie au Département de musique de l’Université du Québec à Montréal (uqam) et membre régulier de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (oicrm). Il participe également au comité scientifique des Cahiers de la Société québécoise de recherche en musique et assume la direction de l’antenne OICRM de l’UQAM. Les musiques des XXe et XXIe siècles, autant dans la tradition dite populaire que dans la tradition dite classique, sont au cœur de son travail universitaire.  

  • 11h05

    PAUSE

  • 11h15

    Discussion plénière de clôture