Pionnières en histoire de la musique et des femmes au Québec

30 avril 2021

Rencontre I.1

9h30 - 12h00

terminé

Cette semaine marque le lancement du premier volet de DIG! intitulé Histoires, Historiographie. Ce volet a pour objectif de se pencher sur l’héritage des travaux pionniers en histoire de la musique et des femmes, des artistes queer et trans au Québec.

Lors de cette première rencontre du volet I, trois pionnières en histoire de la musique et des femmes au Québec feront un retour sur leurs travaux-phares en lien avec de cette thématique. Chantal Savoie (CRILCQ-UQAM) portera un regard nouveau sur l’historiographie des femmes dans la chanson québécoise depuis son chapitre « Les femmes et la chanson au Québec » (dans Joubert 2009) ;  Johanne Melançon (Université d’Ottawa) présentera son travail d’archives entourant Mary Travers (La Bolduc) et ses activités d’enseignement en lien avec La chanson écrite au féminin de Cécile Tremblay-Matte (1990) ; et Marie-Thérèse Lefebvre (CRILCQ-Université de Montréal) reviendra sur le contexte entourant la parution de son ouvrage pionnier sur les compositrices de musiques savantes La création musicale des femmes au Québec (1991). Ces présentations seront suivies d’une table ronde où l’équipe de recherche VMQ (La vie musicale au Québec: Pour un décloisonnement de l’histoire, 1919-1952), composée de Sandria P. Bouliane (CRILCQ-Laval), Laura Risk (CRILCQ-Toronto-Scarborough), Vanessa Blais-Tremblay (CRILCQ-UQAM), Virginie Laliberté-Bouchard (Université de Toronto) et Simon-Olivier Godin (UQAM) modérera une discussion sur les enjeux liés à la recherche sur les femmes en musique au Québec trente ans depuis La création musicale des femmes au Québec.

Horaire

  • 9h30

    Mot de bienvenue

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    Vanessa Blais-Tremblay (UQAM, CRILCQ, IREF)

  • 9h35

    Les femmes et la chanson au Québec : chantiers, objets et méthodes

    Depuis la réflexion amorcée dans le cadre de son article pionnier « Les femmes et la chanson au Québec », paru dans le collectif Écouter la chanson (2009) dirigé par Lucie Joubert, Savoie a entrepris de s'intéresser autrement à la place de femmes dans l'histoire de la chanson au Québec en veillant à recadrer ses objets d'étude afin d'en arriver à cerner quel(s) rôle(s) les femmes ont joué dans l'évolution des pratiques chansonnières au fil du temps et quelles seraient les stratégies à mettre en œuvre pour en arriver à faire une histoire de leurs pratiques et apports plutôt qu'une histoire de leur invisibilisation dans le récit. Cette communication offrira un aperçu critique de l'historiographie de la chanson québécoise. L'ébranlement disciplinaire provoqué par l'effet conjugué de l'École des Annales, des études culturelles et des "gender studies" a contribué à favoriser les approches systémiques, voir polysystémiques, pour analyser la culture (comme production, forme, médiation, appropriation, etc.). S'il faut certes de nouvelles sources pour faire une nouvelle histoire, le regard que nous posons sur ces données doit lui aussi se renouveler, s'assumer et s'expliciter. C'est dans cette perspective que Savoie présentera le vaste chantier d'étude qu'elle a lancé sur la chanson des années 1940 en abordant la chanson d'un double point de vue féminin qui s'écarte volontairement de la stricte production musicale : celui des goûts du public féminin et celui des représentations de comportements liés au genre féminin dans les chansons.

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    Chantal Savoie (UQAM, CRILCQ, IREF)

    Chantal Savoie est professeure au département d’études littéraires de l’UQAM, et membre-chercheure du Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoise (CRILCQ). Elle codirige le Laboratoire de recherche sur la culture de grande consommation et la culture médiatique au Québec à l’UQAM (LaboPop) avec Pierre Barrette. Ses intérêts de recherche portent sur l’histoire littéraire et culturelle des femmes, les pratiques culturelles de grande consommation, et la chanson à succès. Dans ses nombreux travaux, Chantal Savoie met à profit son travail d’historienne de la culture pour explorer le contexte des humanités numériques. Dans le cadre du projet de recherche « La vie littéraire au Québec », elle a mené avec son équipe une vaste opération de maximisation de l’utilisation des technologies numériques, appelée « Vie littéraire 2.0 », permettant une intégration concrète des outils numériques dans le contexte de l’histoire de la culture québécoise. Son implication dans ce projet l’a amenée à jouer un rôle de premier plan dans la création et l’amélioration d’une infrastructure de recherche numérique érigée autour d’une base de données rassemblant un nombre important d’informations biographiques permettant de reconstituer la trajectoire de plusieurs centaines d’écrivain(e)s et d’institutions. Chantal Savoie a également participé à plusieurs reprises à des initiatives nationales et internationales associées de près au développement de technologies et d’infrastructures de recherche en humanités numériques. Son expertise est notamment mise à profit en ce qui concerne l’utilisation de bases de données et la structuration de métadonnées au sein des études sur la culture. En 2015, elle a été finaliste pour le prix littéraire du Gouvernement général du Conseil des arts du Canada et le prix de l’essai Victor-Barbeau de l’Académie des lettres du Québec pour son ouvrage sur les femmes de lettres canadiennes-françaises.

  • 10h05

    Madame Bolduc, pionnière de la chanson populaire Québécoise

    Après avoir été dénigrée par une certaine élite, plus ou moins ignorée des ouvrages portant sur la chanson, Mary Travers Bolduc (1894-1941) est aujourd'hui considérée comme étant la première vedette de la chanson populaire québécoise ; elle serait la première chansonnière, composant sa musique, écrivant ses paroles, interprétant elle-même ses chansons. À la fin des années 1920, alors que les femmes n'ont encore aucun statut légal au Québec, la carrière de Mme Édouard Bolduc semble à la fois une anomalie et un exploit. Cependant, lorsque l'on met en parallèle cette image de femme indépendante qui gère sa carrière et organise ses tournées avec les paroles de ses chansons, on reste perplexe. Comment en effet concilier le modèle de détermination de celle qui, dans ses chansons, reste fidèle aux valeurs traditionnelles et conservatrices de la société et les promeut ? Pourquoi a-t-elle été si longtemps boudée par l'institution ? En lien avec l'analyse des paroles de ses chansons, les archives de Mme Bolduc et celles de son biographe David Lonergan permettent d'apporter certaines réponses à ces questions. Si les documents conservés au Musée de la Gaspésie n'offrent que très peu d'information sur le processus de création des chansons, la correspondance de même que les nombreuses photographies éclairent le contexte de sa carrière et dévoilent une part de sa personnalité, nous permettant ainsi de mieux comprendre la trajectoire de cette « mère-épouse-ménagère » et artiste dont les chansons ont été peu à peu redécouvertes par des interprètes à partir de la fin des années 1960, alors que l'institution a réévalué son horizon d'attente et sa perception de la « mère spirituelle de tous nos chansonniers ».

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    Johanne Melançon (Université d'Ottawa)

    Johanne Melançon est chercheure associée au Laboratoire de recherche sur les littératures et les cultures francophones du Canada (CFLC) du Centre de recherche en civilisation canadienne-française (CRCCF) de l'Université d'Ottawa. Ses publications et ses recherches portent sur l'œuvre de poètes, romanciers et dramaturges franco-ontariens, de même que sur la chanson québécoise et la chanson franco-ontarienne. Son projet de recherche actuel porte sur l'analyse et mise en valeur des archives du théâtre franco-ontarien contemporain (CRSH 2017-2020).

  • 10h35

    30 ans de La création musicale des femmes au Québec

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    Marie-Thérèse Lefebvre (Université de Montréal)

    Marie-Thérèse Lefebvre, musicologue, a enseigné durant 30 ans à la Faculté de musique de l’Université de Montréal. Spécialiste de l’histoire de la vie musicale au Québec, elle a publié plusieurs livres et articles sur divers compositeurs, une Chronologie musicale du Québec (1535-2004) en collaboration avec Jean-Pierre Pinson et elle a dirigé l’édition Réception des arts de la scène à Montréal entre 1919 et 1939. Retraitée depuis 2010, elle poursuit activement ses recherches.

  • 11h05

    PAUSE

  • 11h15

    Table ronde : 30 ans plus tard : Enjeux de la recherche sur les femmes en musique au Québec

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    L'équipe de recherche La vie musicale au Québec, avec Sandria P. Bouliane (CRILCQ-Université Laval), Vanessa Blais-Tremblay (CRILCQ-UQAM), Laura Risk (CRILCQ-Université de Toronto-Scarborough) et Simon-Olivier Godin (UQAM).

    Le projet de recherche La vie musicale au Québec (VMQ) pose les bases théoriques et méthodologiques d’une histoire de la vie musicale au Québec afin d’ébaucher un premier récit, limité à la vie musicale à Montréal entre 1919 et 1952. Nous concevons cette histoire de la vie musicale comme un outil de référence scientifique utile non seulement aux chercheurs universitaires des diverses disciplines artistiques et des sciences humaines et sociales, mais aussi à tous ceux (musiciens, critiques et autres acteurs de la vie culturelle) qui ont le souci de se doter de repères rigoureux à propos de la vie musicale québécoise passée et actuelle. En effet, celle-ci est mal connue. Que sait-on d’Emma Albani et d’autres grandes divas québécoises qui ont précédé Céline Dion? De Wilfrid Pelletier, qui dirigeait le MET 70 ans avant Nézet-Séguin ? Des étoiles de la danse qui ont foulé les planches du Rockhead’s Paradise ou du His Majesty’s durant l’entre-deux-guerre ? S’inscrivant dans le prolongement de la trajectoire de travaux de recherche récents visant à repenser l’histoire de la vie culturelle au Québec (Cambron 2012-2018; Lefebvre 2011-2015; Robert 2011-2014), notre équipe, composée de chercheurs rattachés à plusieurs disciplines et champs de recherche, travaille à décloisonner les frontières entre les genres musicaux (traditionnel, savant, populaire, jazz, religieux), les types de pratiques (amateur, professionnelle, locale, transnationale), les modes de transmission (orale, écrite, audio, vidéo), les contextes d’interprétation (concert, spectacle, concours, enseignement, rituel social, milieux francophone, anglophone et autres) et les fonctions de la musique (expérience esthétique, accompagnement pour la danse, support scénique ou cinématographique, articulation de relations sociales, commercialisation de produits, etc.). Concrètement, ce décloisonnement des catégories d’analyse habituelles vise à faciliter l’intégration d’un ensemble diversifié de pratiques artistiques où les contributions des femmes, des classes ouvrières et des communautés autochtones ou associées à diverses diasporas seront mieux représentées.

  • 11h55

    Mot de la fin